Je mettrais mes réflexions au fur et à mesure de ma lecture
09/10/2008
Par où commencer ? Je n'ai lu que l'introduction et le premier chapitre qui retrace brièvement son expérience chez les indiens d'Amériques du Sud. Ce que j'ai retenu pour l'instant c'est le fait que les hommes "civilisés" ont perdu cette notion de continuité avec son environnement et qu'il n'a pas su s'adapter à ce qu'ils ont eux-mêmes créé.
Pendant mon trajet du train vers mon travail, j'avais envie d'écrire, d'enregistrer ce qu'il me passait par la tête sur les petites notions que j'ai lu. Comment mettre en place cela dans notre vie actuelle ? Je comprends bien que le fait d'avoir toujours une horloge pour nous guider dans nos activités n'aide pas à éviter le stress de même que l'intellect nous pousse à agir alors que notre instinct (notre nature) nous pousserait vers le contraire. Comment concilier les deux ? Car je ne peux pas renier ma vie actuelle, je ne peux que m'adapter en mettant en place ce qui est le plus important en moi.
Actuellement, j'ai un grand soucis avec mes filles : je ne supporte pas leur lenteur dans certaines tâches, ou le fait qu'elles ne prennent pas en compte aussi mes besoins. Je travaille sur le sujet. Qu'est-ce qui fait que je suis exaspérée lorsque je dois leur répéter plusieurs fois de faire telle ou telle chose ? Cela vient certainement de mon enfance où j'étais continuellement considéré comme étant "dans la lune". Un état qui visiblement est tout à fait "normal" pour les enfants de notre civilisation et de cet âge.
Dès le début de ce livre, je me sens en accord avec son expérience dans les tribus indiennes. Mon désir le plus profond est de vivre avec Nature à proximité. Ce n'est qu'un désir (ou fantasme) car je sais bien que je ne le ferais jamais. Adolescente (vers 17 ans), j'étais attirée par la culture amérindienne du Nord du XIXe siècle. Attirée par cette relation que les humains ont avec la nature. Ce respect qu'ils ont pour elle et aussi pour les autres membres de la tribu. Pour cette relation établie entre les générations. Pour le fait que ce qu'ils font n'est pas jugée comme comportement négatif mais comme un apprentissage. Pour le fait que les jeunes acceptent le savoir des ainés et que les ainés acceptent l'inexpérience des jeunes.
Depuis que je suis tombée enceinte de mon premier enfant, j'ai appris l'écoute de mon corps, les sensations qui m'envahissaient me rapprochaient plus de ma nature. Mon accouchement était en tout point dans le contact inné, sans cette partie "intellect" qui vient souvent perturbé ce déroulement magnifique qu'est la naissance d'un enfant (lire les textes de M Odent et de I Brabant, entre autres à ce sujet pour comprendre ce que j'ai vécu et ressenti). Je voulais continuer cette sensation à la naissance de ma fille avec l'allaitement, le portage et d'autres instincts maternels qui devraient exister entre mère et enfant. Mais voilà, l'intellect refait surface parce que l'éducation des hommes "civilisés" est comme ça. L'inexpérience (aucun apprentissage par le contact et la vie avec la génération précédente dans ce contexte de maternage), le manque de confiance en soi font que je me pose trop de questions. J'ai cependant toujours eu ce reflexe de me poser les bonnes questions et d'arriver à ne pas me stresser (trop) de certaines situations, de trouver les personnes en qui je pouvais avoir confiance pour poser mes interrogations, voir en moi et rechercher en moi les solutions qui sont souvent si simples : vivre avec son instinct sans s'occuper de ce que pensent les autres et surtout les professionnels.
13/10/2008
En introduction, l'auteure cite une lettre reçue d'une lectrice devenue depuis son grand soutien au Continuum. Cette lectrice parlait de la culpabilité ressentie à la lecture du livre. J'ai ressenti cette culpabilité lorsque le comportement "civilisé" de la mère occidentale est décrit. Que de souffrances faisons-nous supporter à nos bébés et à nos enfants. Cependant, je refuse cette culpabilité. Je ne peux pas être responsable de ce que j'ai perdu par des siècles de règles et de coutumes qui ont dénaturé notre instinct humain. Je ne peux pas être responsable du fait que mes parents n'ont pas appris par contact et par expérience de leurs parents qui n'ont pas appris...
Notre cerveau travaille trop, c'est un fait. On le remarque déjà dès la grossesse et l'accouchement. Celui-ci se passerait beaucoup mieux si les femmes se laissaient aller et oublier un peu ces siècles d'apprentissage et de refus de l'inné. J'ai vécu cette expérience lors de mes accouchements, de me laisser guider par mon instinct, par mon corps et quel bien être j'en ai recueilli. Et puis après c'est vrai que tout se dérègle. Les notions du bien et du mal arrivent, les "fait comme ci - pas comme ça" nous tombent plus vite qu'on y pense. Et on perd cet instinct. Je l'ai un peu retrouvé avec mon allaitement (même si le premier a suivi certaines règles (dont celle des 10 mn), j'ai quand meme beaucoup apprécié d'avoir ma fille dans mes bras. J'ai aussi apprécié et compris le portage avec l'utilisation de l'écharpe. Avec Alianore, j'ai renforcé certains instincts par contre, j'en ai perdu d'autres et surtout perdu un qui est pourtant essentiel, l'écoute. Je n'arrive plus à écouter mes enfants. Je perds alors vite patience. Je n'arrive plus à me mettre à leur hauteur et à comprendre pourquoi ils agissent ainsi. Ce livre comme d'autres tente de me mettre sur le droit chemin. Me redonne conscience que la manière d'agir avec mes filles ne correspond pas à cet instinct.
Et là me viens l'envie de vivre dans une communauté, où les adultes peuvent s'épauler, où la mère peut trouver confort et aide auprès d'autres personnes. Parce que c'est un fait que de vivre enfermés dans une maison isolée, avec comme seul représentant adulte, le père (qui en fait beaucoup, bien heureusement... Comment font les femmes ou hommes isolés sans conjoint ???), sans personne vers qui se tourner (et là, je dis "Vive Internet" qui permet de rencontrer même virtuellement d'autres mamans avec les mêmes interrogations, le même soutien) empêche (dans mon cas) cette écoute de l'instant, du continuum. Et c'est là que me vient ma culpabilité. Je sais et je ne fais pas, je n'arrive pas à faire. Bien sûr que le regard accusateur, les mots "'critiques" ne sont pas bons pour le développement. Bien sûr que d'autres comportements adultes ont enfreint le développement de la sociabilisation de mes filles. J'attends d'elles un certain comportement qu'elles ne peuvent plus qu'acquérir par l'apprentissage forcé et non inné alors qu'elles avaient tout le potentiel pour le faire d'elle même. Ca me rend malade de le savoir. Rien qu'hier, je fais le ménage (pour une fois, pas trop énervée pour le faire). Au moment de laver la salle à manger où sont les filles, je leur demande de jouer dans leur chambre pour que je puisse nettoyer sans les embêter. Aucun problème, elles rangent leur jeu et quittent la pièce. Et là Alianore s'arrête devant les escaliers, prend ma raclette et racle le couloir déjà nettoyé. La seule chose que j'ai su lui dire c'est "Alianore, laisse cette raclette, j'ai déjà nettoyé là, pas envie que tu resalisses". Non mais, qu'est ce qui me prend de sortir ce genre de phrase. D'une part, pas de risque qu'elle resalisse (et puis vu les travaux, dans les 10 mn se serait à nouveau sale) car il n'y avait pas déjà la serpillère, d'autre part, elle faisait un geste d'imitation, propre à son âge (et moi qui me plaint que mes filles ne m'aident pas, je leur refuse l'aide qu'elles donnent). J'en attend trop de mes filles et pire, j'attends un retour. J'attends une récompense de leur part pour ce que je fais pour elle. Alors si je n'ai pas de retour attendu, je m'énerve, je leur en veux et mon comportement envers elle devient négatif. Que peuvent elles comprendre à cela ? Et quand par ex, Honorine me réclame quelquechose et que je lui refuse, je vais expliquer de long en large pourquoi (souvent parcequ'elle a eu un comportement qui fait que ce qu'elle demande n'est plus possible, genre prendre du temps chez la nounou et donc plus de temps à la maison pour jouer avec elle car je dois préparer le repas) et là, je pense qu'elle cherche à justifier (pas même sûre qu'elle ait déjà la notion de justification, à la réflexion) et non, elle me dit simplement qu'elle veut m'aider. Et moi, mon instinct de survie dû à ces siècles de non continuum, refuse d'entendre ce qu'elle a à me dire. Et c'est pas la 1re fois que cela nous arrive.
J'aimerais tant avoir un déclic lorsque je réagis comme ça pour stopper net mon comportement....
14/10/2008
J'ai fini le livre hier soir dans le train. C'est pas rassurant de lire ce livre au final.
Par contre, j'ai bien aimé lire quelques pages plus loin mon fantasme de vivre en communauté. Elle le décrit exactement comme je le pensais le matin même (et je vous jure, je n'ai pas feuilleté le livre avant). Est-il trop tard pour reprendre le continuum avec des enfants plus grands qui ont déjà dépassé le stade "dans les bras" ? Oui et non. Quand je lis les autres auteurs comme Fillizat, Gordon, Dumonteil-Kremer et d'autres de la même mouvance d'écoute et de respect des enfants, je pense qu'il est possible de le faire avec nos propres moyens et nos capacités. C'est comme pour le bio, on ne le devient pas à 100% du jour au lendemain. C'est un cheminement interne, long, avec des va et vient, des retours en arrière. Le fait d'en prendre déjà conscience est un pas en avant. Alors peut être que mes filles souffrent et ont des blessures profondes, peut être qu'elles m'en voudront dans leur adolescence de ne pas leur avoir prêté plus d'attention mais je me dis que ce que je leur ai donné, c'est cela de gagner pour leurs propres enfants et qu'elles pousseront encore plus loin le continuum. Je pose les premières pierres et j'espère qu'elles pourront monter le mur du premier étage et mes petits enfants, celui du 2e et ainsi de suite. Je vois loin mais j'ai le sentiment que dans notre monde déréglé ce sont les humains qui se rapprochent de leur continuum et donc de la nature qui s'en sortiront le mieux.
15/10/2008
En discutant avec Thomas hier, certains points ont été soulevés et cela m'a permis d'approfondir cette reflexion. Je pense que tant que l'on a pas compris l'importance du portage dans les 1ers mois de l'enfant, on ne peut pas comprendre ce principe du continuum et du fait qu'il ne conduit pas à la violence. Dès la naissance, lorsqu'il est à proximité d'un adulte où même d'un enfant plus grand qui s'occupe de lui (d'abord en le portant puis en le laissant s'occuper de certaines activités, le bébé ressent une sécurité intérieure qui ne le pousse pas à rechercher lui même le contact. Parce qu'il l'a d'office. Le sentiment de manque est donc absent depuis qu'il est bébé et continue par la suite parce que l'enfant est entouré (non pas toujours avec une attention portée sur lui mais en sachant que si il a besoin de recherche à nouveau une sécurité ou une assurance, il sait où il peut aller la chercher sans être rejeté). On ne peut pas dire en effet que ce soit le cas de nos bébés occidentaux où en général, dès la naissance dans un milieu froid et inhospitalier, ils sont arrachés du corps de leur mère, tripotés dans tous les sens, habillé ssans avoir connu cette assurance du contact et de l'odeur de la mère. A la maison, ils sont laissés dans un berceau froid, dans une pièce froide sans contact aucun afin de se rassurer des bruits, des odeurs et autres détails qui pour nous adultes ne semblent pas important mais pour un petit être qui a connu pendant de longues semaines une chaleur bienfaisante dans le corps de leur mère, se retrouve abandonné sans aucune connaissance de ce qu'il subit. Il n'a pas la notion du temps, il ne sait donc pas que cette absence de chaleur est provisoire.
Une des réflexions que nous avons eu concerne la colère et l'agressivité. L'enfant doit connaître la frustration car à ce que j'ai compris c'est le fondement ou le principe de l'évolution de l'être humain. C'est en ayant des frustrations que l'enfant grandit et apprend. Qui dit frustrations dit colères. Mais un enfant n'ayant jamais connu ce manque (pour rappel, au début de sa vie, le seul manque qu'il peut avoir c'est le manque affectif et donc l'installation de l'insécurité), peut il ressentir de la frustration quand un objet avec lequel il jouait, par ex, lui est retiré ? Ma question ici est donc de savoir si la colère (qui serait physiologique donc inhérente à l'espère humaine) fait parti de l'inné chez l'homme ou a été acquis par des siècles et des siècles d'insécurité infantile ? Et donc pas si inhérente que ca.
Pour ma part, ce ne sont pas des notions humaines par nature mais par la force des choses. Et en lisant et comprenant l'idée de l'auteur sur le portage, je pense que le petit enfant n'a pas à avoir cette notion de frustration car il n'a jamais eu l'occasion de la vivre. Pour l'ex de l'objet perdu, comment réagit l'enfant de la perte de cet objet dans cette tribu ? Chez nous, c'est colère et pleurs pour la perte de l'objet. Mais là bas ? Je suis tenté de répondre qu'ayant toujours vécu en sécurité auprès des membres de la communauté par le portage et la proximité, il n'a jamais eu cette notion de perte comme peuvent avoir nos enfants dès la naissance.
Franchement, j'ai apprécié de mettre par écrit mes ressentis et mes reflexions tirés des livres que j'ai lu, des acquis via mon propre vécu en tant que maman et par les témoignages et remarques de mon entourage.
Maintenant, j'aimerais avoir l'avis de celles qui l'ont lu ;)
Pour le plaisir, une citation de Catherine Dumonteil-Kremer
"Ce que l'on appelle éducation altervative, accompagnement alternatif, ne représente nullement la perfection, c'est plutôt l'authenticité qui est fondamentale, ça ne donne pas des enfants parfaits, ça ne conduit pas à la perfection des parents, ça mène plutôt à l'acceptation maximale de l'enfant tel qu'il est, avec ses joies et ses peines, avec ses envies de mourir et ses élans d'enthousiasme, ça nous conduit aussi et enfin à l'âge adulte, on
est infiniment moins tourmentés !"
“Notre jeunesse (…) est mal élevée. Elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui (…) ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce. Ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler. Ils sont tout simplement mauvais.” Socrate (470-399 av. JC)
“Je n’ai aucun espoir pour l’avenir de notre pays, si la jeunesse d’aujourd’hui prend le commandement demain. Parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible.” Hésiode (720 av. JC)
“Notre monde a atteint un stade critique. Les enfants n’écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut pas être loin.” prêtre égyptien (1000 av. JC)
“Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du coeur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne seront pas capables de maintenir notre culture.” vielle citation de plus de 3000 ans, a été découverte sur une poterie d’argile dans les ruines de Babylone …