Doulas : des nounous pour les mamans
Source : Le Figaro Madame
http://madame. lefigaro. fr/societe/ enquetes/ 182-doulas- des-nounous- pour-les- mamans
Elles sont devenues les nouvelles coqueluches des femmes enceintes. Telles
« S.O.S. mamans en détresse », les doulas écoutent, maternent, chouchoutent
et veillent sur notre bien-être physique et moral. Des secondes mamans sans
les inconvénients ? Enquête.
Paru le 23.11.2007, par Anaïs Albrieux
« Claire a écouté mes doutes plus de cinquante fois avec toujours la même
patience, elle a répondu à mes interrogations sans me juger. Grâce à elle, j'ai
vécu une deuxième grossesse sereine et épanouie. » Ces éloges ne sont pas
destinés à une sage-femme, ni à une amie, mais à la doula qui a suivi Marine
tout au long de sa grossesse. Tel un fil rouge rassurant, cette
accompagnatrice lui a offert l'oreille attentive et le réconfort qui lui
avaient cruellement manqués lors de son premier accouchement.
« Ces dernières années, les protocoles de suivi médical sont de plus en plus
pointus, mais cela prend beaucoup de temps et d'énergie au personnel
médical, et ceci au détriment du suivi psychologique », constate Pascale
Gendreau, présidente de l'association Doulas de France. Pour pallier ce
manque, les futures mamans peuvent donc, depuis peu, faire appel à l'une de
ces quarante-deux accompagnatrices rémunérées, actuellement en exercice en
France.
Très implantées depuis les années 80 dans les pays anglo-saxons, les
doulas - littéralement les « esclaves » en grec ancien ! - sont là pour
choyer les femmes enceintes pendant cette période riche en émotions.
Massages, conseils pratiques et informations de tous poils, dès le 4e mois
de grossesse, la doula s'occupe de leur bien-être physique et moral, sans
jamais s'immiscer sur le terrain médical. Avec un avantage de taille : on
peut la contacter jour et nuit car elle reste joignable 24 heures sur 24 !
Pas des coaches de grossesse !
Après l'accouchement, la doula épaule la maman afin qu'elle récupère au
mieux : du ménage au baby-sitting, elle est sur tous les fronts avec
toujours du savoir-faire à en revendre.
« Je n'arrivais pas à allaiter. Sans les conseils et les encouragements de
ma doula, j'aurais fini par abandonner », confirme Marie-Eve, mère d'une
petite Melluna.
Alors les doulas, coaches de grossesse ? « Pas du tout ! s'exclame Pascale
Gendreau. Elles n'ont pas de programme, ni d'objectif, elles s'adaptent aux
désirs des parents et les accompagnent dans leurs choix. » Voilà pour les
idées reçues.
Dans une société où les familles sont de plus en plus éclatées, les doulas
seraient plutôt un peu comme des mères modernes. La relation de confiance qu'elles
créent va même souvent
au-delà : beaucoup de femmes avouent leur poser des questions intimes qu'elles
n'auraient jamais osé aborder avec leurs proches.
Mais qui sont ces superfemmes ? Des mères, tout simplement. Deux grossesses
« simples » et bien entourées ont donné à Yanick, une ancienne ingénieure en
informatique, l'envie d'apporter son soutien à d'autres. « En surfant sur
les forums, j'ai découvert que beaucoup de mamans étaient très seules et
pleines d'interrogations », explique-elle. Après avoir encouragé par mail
des anonymes et « accompagné » plusieurs amies, elle s'est inscrite sur le
site de l'association de Pascale Gendreau et est devenue, à 36 ans,
apprentie doula. Pour cela, elle a dû suivre une courte formation comprenant
un stage et de nombreuses lectures.
Et le personnel médical ?
Mais ces nounous d'un nouveau genre font grincer des dents. Marie-Josée
Keller, présidente du Conseil national de l'ordre des sages-femmes, s'insurge
contre « cette profession autoproclamée sans formation reconnue » et craint
que les doulas empiètent sur le domaine médical. Elle ajoute que c'est aux
sages-femmes de suivre les femmes enceintes, tout en admettant du bout des
lèvres l'impossibilité avec les moyens actuels de proposer des
accompagnements personnalisés. Le docteur Bernard Maria, chef de service de
la maternité de Villeneuve-Saint- Georges, a, lui, accepté la présence de
doulas en salle d'accouchement et observé qu'elles apportaient une présence
réconfortante pour les patientes. Des études scientifiques, notamment
publiées par le Midwives Information and Resource Service (Midirs), en
Grande-Bretagne, ont d'ailleurs démontré les effets positifs de l'accompagnement
par une doula, avec une baisse constatée de 50 % du taux de césariennes et
une réduction de 25 % du temps de travail à l'accouchement. Et le docteur
Maria de conclure : « La femme enceinte, c'est comme un sportif de haut
niveau. Pour gagner, il y a le coach et sa technique, mais l'émotion et l'empathie
du supporter sont aussi nécessaires ! »
Visites (entre 5 et 10, à répartir avant et après la naissance) : environ 50
euros la séance (de 3 à 4 h). Entre 250 et 400 euros l'accompagnement
pendant l'accouchement.
Rens. : association Doulas de France, www.doulas.info
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L'émergence en France de la profession de doula (ou accompagnante à la
naissance selon certaines écoles) a suscité de nombreuses controverses. Le
Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) a veillé à
préserver sa neutralité en proposant, notamment, un débat entre toutes les
parties concernées au cours des Etats généraux de la naissance 2006.
Voir enregistrement et transcription complète :
http://www.quellena issancedemain. info/ateliers/ presentation_ des_ateliers/ le_statut_ juridique_ des_doulas. html Suite à la publication récente d'un communiqué de presse émanant des
collèges professionnels (obstétriciens et sages-femmes) , le CIANE tient à
faire connaître sa position sur la professionnalisatio n de cette activité :
http://wiki. naissance. asso.fr/index. php?pagename= CianeCommuniqueD oulas Sur cette même page figurent des liens vers les motions d'associations
membres du CIANE ayant pris position sur cette question. Des espaces de
discussion sont ouverts au bas des pages.
Nous vous remercions de diffuser largement le communiqué ci-dessous et de
vous inspirer largement des contenus figurant en liens pour documenter vos
reportages.
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Communiqué de presse sur la professionnalisatio n des doulas
Le Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) a pris
connaissance du communiqué dans lequel le Collège National des Gynécologues
et Obstétriciens Français (CNGOF) et le Collège National des Sages-Femmes
(CNSF) s'opposent à la professionnalisatio n des doulas. Le CIANE rappelle à
cette occasion qu'il n'agit qu'en tant que représentant des usagers et n'a
pas de position a priori sur les professions de doula, accompagnante à la
naissance ou accompagnante périnatale etc. (ces termes n'étant pas
rigoureusement équivalents).
Force est de constater que certains parents trouvent un bénéfice dans le
recours aux services de personnes (bénévoles ou rémunérées) qui n'exercent
pas en tant que professionnels dans les maternités françaises. Le CNSF et le
CNGOF semblent considérer que l 'émergence de cette profession est liée au
manque de moyens et de personnels dans les maternités françaises, ce en quoi
ils n'ont sans doute pas tort. Nous rajouterions volontiers à cette première
explication la technicisation très forte dans la prise en charge de
l'accouchement et la multiplication des intervenants tout au long de la
grossesse et l'accouchement qui ne permettent pas de développer un véritable
accompagnement de la naissance.
Mais s'arrêter à ce constat, demander une augmentation, tout à fait
justifiée, des moyens dans les maternités pour contrer le développement des
doulas ou accompagnant( e)s, et en appeler à leur interdiction, c'est se
méprendre sur ces professions. Rappelons simplement quelques éléments qui
nous semblent utiles au débat :
* Les doulas ou accompagnant( e)s ne se substituent en rien aux
professionnels de santé et ne revendiquent en aucun cas ce statut : elles
n'entrent donc pas en concurrence avec les sages-femmes ou d'autres
praticiens. On notera à cet égard que, contrairement à ce que laisse
entendre le communiqué du CNSF et du CNGOF, les doulas existent dans bien
d'autres pays que les États-Unis et en particulier en Grande-Bretagne, où
elles travaillent en parfaite intelligence avec les sages-femmes, que ce
soit pour des accouchements à l'hôpital ou à domicile.
* Les doulas ou accompagnant( e)s veulent se situer dans le champ des
services à la personne, et entendent proposer un accompagnement à la
parentalité et non à la grossesse et à l'accouchement : leurs modes de
recrutement et leurs formations doivent être évalués par rapport à ces
fonctions et non par rapport à celles des professionnels de santé. Dans la
manière dont elles se définissent, elles se démarquent des sages-femmes et
leur sont complémentaires.
* La reconnaissance de ces professions en France passe très certainement par
une formalisation des formations et l'établissement de règles encadrant
leurs pratiques : les exemples de pays étrangers doivent constituer une base
de réflexion et d'évaluation de ce point de vue ; sur ce sujet comme sur
d'autres, une attitude frileuse et franco-française nous semble
contreproductive.
En conséquence, il nous semble que la question qui se pose aujourd'hui n'est
pas de savoir au nom de quoi on devrait interdire ces pratiques, mais dans
quel cadre juridique elles pourraient s'insérer. Soyons pragmatiques,
regardons comment cela fonctionne ailleurs, trouvons ensemble des solutions
adaptées à notre contexte et qui puissent satisfaire, dans leur diversité,
les attentes légitimes des parents !
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Collectif interassociatif autour de la naissance
http://ciane. info